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La télé, ce mauvais miroir du monde

Pour passer dans le poste, mieux vaut être homme, blanc, jeune, aisé et en bonne santé : tels sont les enseignements du Baromètre de la Diversité et de l’Egalité du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel.

L’état des lieux de l’égalité et de la diversité dans les différents services télévisuels actifs en Fédération Wallonie-Bruxelles, et ce à la lumière des critères de genre, d’origine, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle et de handicap, n’est pas brillant. Les femmes sont toujours peu présentes à l’écran, et trop peu valorisées. Et, avec elles, les personnes issues de la diversité, les personnes âgées (et les très jeunes), les moins qualifiés, les inactifs et les personnes porteuses d’un handicap sont les laissés pour compte du petit écran. C’est ce qui ressort des différentsbaromètres qui, entre 2011 et 2017, date de la quatrième édition, évaluent la manière dont la télé rend compte de la réalité de la société (1) et (2). « Et, d’un baromètre à l’autre, les choses changent très peu, souligne Joëlle Desterbecq, directrice des Etudes et Recherches du CSA : cette récurrence des résultats est une information en soi. »

Joëlle Desterbecq pointe également la problématique de l’ « intersectonnalité » : « Les personnes qui se trouvent au point d’intersection des différentes catégories – celles qui sont, par exemple, à la fois femmes, âgées et issues de la diversité – n’ont quasiment aucune chance d’être montrées à l’écran. A l’inverse, un quadra blanc, et issu de la classe socioprofessionnelle supérieure, aura toutes les chances, lui, d’être sollicité par les caméras de télévision. »

Cherchez la femme

A peine plus d’une personne sur trois (34,33%) qui passent à la télé est une femme. Pourtant, dans la société, Un chiffre nettement inférieur à la présence réelle des femmes dans la société belge, où elles sont au contraire légèrement majoritaires (51%).
Comme si cela ne suffisait pas, les rôles valorisants sont majoritairement masculins. Les femmes revêtent plus fréquemment le rôle de vox populi (39,54%) que de porte-parole (un peu plus de 28%) ou d’experte (20,56%). Ainsi, elles apparaissent davantage dans le registre de l’affect, du « pathos » que du discours critique. Les journalistes n’échappent pas à la règle : lorsque les femmes sont présentées dans ce rôle, elles sont davantage au second plan de la mise en scène de l’information (quelque 47%) qu’au premier plan (36%).

Diversité d’origine : une aiguille dans une botte de foin

Les personnes issues de la diversité représentent à peine plus de 14% des intervenants, et ce chiffre diminue encore pour ce qui est des programmes d’information et des magazines-documentaires : dans ce secteur, à peine plus d’un intervenant sur dix (11 %)est issu de la diversité.
Les rôles de journaliste/animateur.trice, de porte-parole et d’expert.e sont ceux où leur proportion est la plus faible : plus de 96% des journalistes/animateurs, et plus de 92% des experts sont « perçus comme blancs » ! Au contraire du rôle de « vox populi » (quidam, témoin), par exemple, où elles ont plus souvent droit à la parole.
Heureusement, il y a le sport pour faire grimper les statistiques : plus d’une personne sur cinq intervenant sur cette thématique est perçue comme issue de la diversité.

Jeune cadre dynamique, bienvenue !

En matière de distribution des catégories socio-professionnelles, les constats du Baromètre 2017 confortent les tendances déjà observées précédemment, en l’occurrence : la surreprésentation des catégories socio-professionnelles supérieures, et la nette sous-représentation des professions manuelles, des peu qualifiés et des personnes inactives.
« Il semble urgent de relancer la réflexion, de dépasser les initiatives informelles qui reposent sur la vigilance des uns et des autres, et de sensibiliser l’ensemble de la chaîne de production-diffusion audiovisuelle », conclut le CSA. On ne pourrait mieux dire.

(1) La dernière édition du Baromètre Egalité Diversité 2017 Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) date de 2017  https://www.csa.be/barometrediversite/2018/11/22/telecharger-le-barometre-2017/

(2) Cet automne, le CSA va publier la cinquième édition du Baromètre Egalité Diversité qui, cette fois, va s’intéresser à la manière dont les radios rendent compte de la diversité de la société belge.

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