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Procédure bâillon contre la RTBF

Le Conseil de déontologie journalistique a décidé qu’une plainte déposée par Kairos et son rédacteur en chef Alexandre Penasse à l’encontre de la RTBF était non fondée. Plainte que la RTBF estime relever de la procédure bâillon.

« (…) Kairos pouvait, d’une part, être relié à la plateforme Bon Sens Belgique et, d’autre part, être qualifié de média alternatif ou complotiste , a estimé le Conseil de déontologie journalistique (CDJ), l’organe d’auto-régulation des médias francophones – dans sa décision de juillet 2024 (1), estimant par ailleurs que l’atteinte éventuelle à la réputation ou à l’honneur de Kairos et de son rédacteur en chef ne relevait pas d’une faute déontologique dans ce dossier, la qualification de ‘‘complotiste’’ reposant sur une analyse sourcée, qui relevait par ailleurs de la liberté rédactionnelle du média (…) ».

Petit déroulé des faits : en octobre 2023, Alexandre Penasse introduit, en son nom et au nom de Kairos, une plainte au CDJ – jugée recevable par ce dernier – contre plusieurs passages d’un article de décryptage en ligne de la RTBF consacré aux personnes et entités actives dans la désinformation sur l’Evras (éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle) en Belgique.
Cette plainte concerne la publication, sur le site de la RTBF, un article titré « Complotistes, extrême droite et adeptes de théories pédocriminelles : voici le réseau des désinformateurs sur l’Evras en Belgique » (2). Il s’agit d’un article de décryptage consacré aux relations existant entre les personnes et entités identifiées comme actives dans la désinformation quant au programme de sensibilisation scolaire à l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras), qui sera dispensé annuellement dans les classes francophones belges de 6e primaire et de 4e secondaire.

Kairos et ses contre-vérités…

L’article se penche notamment sur la page Facebook de l’organisation « Bon Sens » qui, pêle-mêle, milite à la fois contre la vaccination contre le Covid, publie de nombreux contenus dénonçant les élites, ainsi que des « contre-vérités » – ce sont les mots de la RTBF – sur l’Evras. L’article relève aussi que « Bon Sens Belgique peut, « dans ce cadre, être relié au média Kairos qui est sorti de l’anonymat au moment de la crise Covid en relayant de nombreuses contre-vérités sur la gestion de la crise sanitaire. »
Un graphique accompagne l’article : sous la couleur « Médias alternatifs ou complotistes », il est précisé, dans la bulle qui s’affiche en survolant la zone, que « Kairos, média complotiste très actif pendant le Covid, l’est moins contre l’Evras. Il relaie cependant en live les manifestations anti-Evras ».

Tout cela suscite l’ire de Penasse qui, dans sa plainte, liste à peu de choses près l’ensemble des articles du Code, estimant que toutes ces règles ont été bafouées par la RTBF, dans de multiples passages et paragraphes visant clairement Kairos : « Les expressions utilisées tout au long de l’article tendent à faire croire qu’ils sont à l’origine d’une désinformation majeure sur le sujet de l’Evras, menant parfois à des conclusions très graves – ils citent les incendies dans les écoles –, sans que l’argumentation ne soit étayée. Ils estiment que ces affirmations et amalgames sont diffamants, calomnieux, dénigrants, et totalement erronés (…) », lit-on dans le passage de la décision du CDJ consacré aux arguments des parties.

Versus déontologie journalistique

Pour la RTBF, au contraire, elle a rempli « son rôle sociétal et démocratique en mettant en lumière les personnes actives dans le cadre de la désinformation liée à l’Evras et les liens qui existent entre elles, tout en n’ôtant aucunement le droit, pour lesdites personnes, de faire valoir leurs points de vue par leurs propres canaux de diffusion (…). » Elle souligne par ailleurs qu’ « aucun des écrits des plaignants n’indique en quoi ni comment les violations déontologiques alléguées seraient présentes dans l’article litigieux ». Et aussi : la RTBF considère que « la plainte formulée au CDJ peut être qualifiée de SLAPP (NDLR : ou procédure bâillon), une procédure qui bien qu’ici non judiciaire est utilisée uniquement afin d’intimider. »

« Associer Kairos au réseau des personnes et entités actives dans la diffusion de contre-vérités sur l’Evras reposait sur un travail d’enquête et une base factuelle sourcée », a conclu le CDJ, soulignant que « l’article de la RTBF consacré au réseau des personnes et entités actives dans la diffusion de contre-vérités sur le programme Evras respectait la déontologie. »

(1) CDJ – Plainte 23-31 – 3 juillet 2024

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