dossier exclusion du chômage
Qui sont les futurs exclus du chômage ?
Plus des deux tiers des chômeurs et des chômeuses actuellement indemnisés devraient perdre leur droit entre janvier 2026 et juillet 2027. Ils et elles sont plutôt Bruxellois ou Wallons, souvent peu scolarisés et bien souvent âgés.
											Le projet de limitation dans le temps des allocations de chômage, que nous dénonçons dans ces colonnes depuis plus de trois ans, est devenu une réalité. Ce 18 juillet 2025, juste avant les vacances parlementaires, le gouvernement Arizona a réussi à faire adopter son projet à travers le vote d’une loi-programme. Nous verrons plus loin comment ce projet a évolué entre l’accord de formation gouvernementale de fin janvier et le vote de mi-juillet. Au cours de ces mois de discussions et d’interventions diverses (organes de concertation, positions politiques, manifestations et autres mobilisations, Conseil d’État), quelques catégories initialement visées ont été épargnées, alors que peu d’exceptions étaient prévues au départ. (Lire l’article p. 20.) En avril, le ministre fédéral de l’Emploi, David Clarinval (MR), clamait encore : « au 1er janvier 2028, tous les 320.000 demandeurs d’emploi qui n’ont pas retrouvé du travail auront été exclus, à l’exception des nouveaux entrants et de ceux qui étaient exemptés de cette limitation, comme les plus de 55 ans et les artistes. ». (1)
Au moins 2 chômeurs sur 3 exclus
Finalement, lors de la séance de la commission des Affaires sociales de la Chambre, le 6 juin 2025, à la veille du week-end de Pentecôte, le ministre de l’Emploi communiquait que, selon lui et une estimation de l’ONEm, 184.463 personnes « seulement » seront concernées par l’exclusion. Rappelons qu’en juillet 2023, nous titrions : « 155.000 chômeurs exclus en 2024 ? ». (2) Certes, le timing a été un peu repoussé par le temps nécessaire pour former la coalition mais l’on voit que notre chiffrage était loin d’être surestimé, contrairement à ce que d’aucuns disaient alors. Il était même en dessous de la réalité. Les positionnements préélectoraux du MR, des Engagés et de Vooruit évoquant une limitation du chômage après deux ans, le CD&V trois ans et la N-VA « maximum trois ans en fonction du passé professionnel », nous n’avions pas anticipé qu’in fine, pour certaines catégories de chômeurs, l’exclusion interviendrait déjà après seulement un an d’indemnisation.
Comment le ministre Clarinval est-il passé entre avril et juin 2025 d’une estimation de 320.000 à 184.463 exclus ? D’abord, parce que le chômage a baissé, la réforme survenant à une période où le chômage est au plus bas depuis longtemps. Ensuite, il y a les quelques exemptions. Mais c’est l’estimation d’un taux de sortie avant la fin de droit qui explique principalement cette différence. Le chômage est en effet un phénomène dynamique : même quand le niveau de chômage global est stable, il y a une évolution constante des flux d’entrées et de sorties du chômage. L’ONEm observait par exemple pour l’année 2024 une « stagnation de la moyenne » mais ajoutait qu’elle « masque une dynamique assez marquée : tous les trois mois, environ 18 % de cette population de chômeurs est renouvelée par des flux d’entrée et de sortie. ». (3) Les flux de sortie du chômage se font évidemment vers le travail, mais aussi vers la maladie, la pension, les départs à l’étranger, les décès, l’exclusion (avec ou sans passage au CPAS) etc.
En examinant le public visé par la réforme, l’ONEm ne s’est pas contenté d’appliquer une moyenne générale. L’administration a tenté une estimation plus fine en précisant les taux de sortie propres à différents groupes, en fonction de la période d’indemnisation dans laquelle chaque sans-emploi se trouve au 1er juillet 2025. (Lire l’article p. 15.)Elle a ainsi calculé que le taux de sortie serait de 74 % pour les personnes en première période d’indemnisation (moins d’un an de chômage). Cela peut sembler énorme mais les personnes qui sont chômeuses depuis peu sont évidemment les plus proches de l’emploi et donc les plus susceptibles de retrouver du boulot. Le taux de sortie serait de 35,7% pour les chômeurs en seconde période d’indemnisation (entre treize et maximum quarante-huit mois de chômage) et de 16,9 % pour ceux qui sont en troisième et dernière période d’indemnisation (allocation forfaitaire). Pour l’ensemble du public visé, cela correspond à un peu plus de 20% de sortie estimée avant la fin de droit. Nous ne pouvons qu’être un peu dubitatifs devant ces estimations. Appliquer le taux de sortie observé en période « normale » à une population qui va devoir affronter une fin de droit brutale et massive paraît pour le moins audacieux. Il faut cependant reconnaître que l’estimation de l’administration ne pouvait qu’être largement approximative. La situation étant totalement inédite, les extrapolations chiffrées à partir d’expériences antérieures sont nécessairement sujettes à caution. Par ailleurs, la réforme ne crée en elle-même aucun nouvel emploi.
Par exemple, dans une situation comme celle de la Région de Bruxelles-Capitale, caractérisée par un grand nombre de demandeurs d’emploi peu qualifiés et un niveau de qualification élevé des emplois vacants, on ne peut qu’être particulièrement dubitatif sur l’impact de la fin des allocations en termes de retour à l’emploi. Exclure le chômeur ne lui délivrera pas un diplôme requis ou ne fera pas baisser les exigences de diplôme des emplois vacants. Le total de 184.463 exclus avancé par le ministre Clarinval et par l’ONEm correspond en réalité à un public visé de 230.944 personnes qui recevront une lettre d’avertissement les prévenant de leur date de fin de droit. Il faut donc être conscient que chacune de ces 46.481 personnes averties censées sortir du chômage avant la date couperet mais qui serait finalement toujours au chômage à ce moment ira gonfler le chiffre des exclus. Parmi les 230.944 avertis, certains sortiront effectivement du chômage à temps mais le nombre annoncé de 184.463 exclus risque d’être dépassé.(Lire l’article p. 27.)
											Quel profil ?
A ce stade, penchons-nous déjà sur ces 184.463 fins de droit prévues. (4) Il s’agit donc principalement de personnes vivant en Wallonie (46,78%) et en Région de Bruxelles-Capitale (22,10%) pour 31,12% en Flandre. Cette dimension communautaire est encore plus nette si, au lieu des chiffres absolus, on regarde la part que représentent les futurs exclus dans la population en âge de travailler (18-65 ans) : 2,56% pour l’ensemble de la Belgique mais 4,94% en Région de Bruxelles-Capitale, 3,81% en Wallonie et 1,39% en Flandre. Toujours selon ce même critère du ratio nombre de chômeurs visés sur nombre d’habitants de 18 à 65 ans, mais en zoomant sur le niveau municipal, on constate sans surprise que le « Top 25 » est constitué de dix des dix-neuf communes de la région bruxelloise (par ordre décroissant Molenbeek-Saint-Jean, Saint-Josse-Ten-Noode, Bruxelles Ville, Anderlecht, Koekelberg, Saint-Gilles, Schaerbeek, Berchem-Sainte-Agathe, Forest et Jette), cinq de la province de Liège (Liège, Verviers, Seraing, Dison et Herstal) et dix de la province du Hainaut (Farciennes, Charleroi, Quiévrain, Chatelet, Manage, Chapelle-lez-Herlaimont, Boussu, Dour, La Louvière et Colfontaine). La FGTB a eu la bonne idée de mettre ces données en rapport avec l’indice IPP (impôt des personnes physiques).
Comme l’explique Florence Lepoivre, Secrétaire générale de la FGTB Bruxelles : « Ce croisement est fondamental. Il confirme que plus une commune est pauvre, plus elle est frappée par la réforme. À Bruxelles, certaines communes affichent un revenu moyen par habitant 30 à 40 % en dessous de la moyenne nationale. Et ce sont ces mêmes communes dont les CPAS devront, demain, prendre en charge des milliers de personnes exclues du chômage, en plus de toutes les personnes qu’ils accompagnent déjà. C’est une double peine : on coupe l’allocation à des personnes déjà précaires, et on transfère la charge aux communes… qui n’ont ni les moyens ni les compétences et ressources fiscales pour assumer cela. » (5) L’indice IPP donne une image crue des différences de revenus en Belgique. L’indice moyen de l’ensemble du pays étant 100, la Flandre le dépasse (107) sans surprise tandis que la Wallonie est un peu en dessous (94) et la région bruxelloise nettement plus bas (79). Saint-Josse-Ten-Noode (54) et Molenbeek-Saint-Jean (58) ne sont pas loin d’être à la moitié du revenu moyen national. Anderlecht, Farciennes, Dison, Koekelberg et Schaerbeek se situent entre 64 et 68. Les dix-sept autres communes du « Top 25 » ont un indice entre 70 (Bruxelles-Ville) et 88 (Chapelle-lez-Herlaimont). Toutes ont donc un indice de richesse significativement plus bas que la moyenne nationale. (Lire le tableau p. XXX.)
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- Par Arnaud Lismond-Mertes (CSCE)
 
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